B-Rich Banque, Mudam, Grande région, 2002-2004

Au début des années 2000, Massinon décline les « Douze propositions pour passer une bonne année », chacune symbolisée par des pictogrammes, sous la forme de « mises en œuvre » artistiques auxquelles le public est convié à participer activement : Art-Barbecue, Garden party « Lucky star », la Discoteka.

En 2002, le Mudam, musée d’art contemporain du Luxembourg, passe commande à Massinon d’une treizième proposition dans le cadre de son programme de préfiguration « Be the artists’ guest ». L’artiste imagine alors la B-Rich Banque, une banque en ligne dont le capital n’est pas monétaire, mais humain, sans valeur marchande, où chacun peut ouvrir un compte et déposer sous forme de textes ou de vidéos une histoire, un souvenir personnel…

Prémonitoire à plus d’un titre, la B-Rich Banque anticipe avec ironie et décalage la prise de pouvoir de la finance en ce début de 21e siècle, tout en en détournant les codes : « B-Rich Banque est une création mondiale de premier plan au service de ses sociétaires internationaux. Nous allions puissance artistique, capacité d’innovation et culture mondiale ouverte aux changements. Notre vision stratégique : être le groupe mondial philanthropique par excellence et la première banque du Luxembourg », lit-on sur le fronton virtuel de cette plateforme internet qui anticipe aussi, d’une certaine manière, l’émergence des réseaux sociaux.

La mise en contact, le plaisir de la création collective, le partage d’expériences sur le long terme suscités par la B-Rich Banque sont des constantes chez Massinon, qui croit en la vertu fédératrice de l’art. La même année, sur un modèle proche, l’artiste a ouvert à la galerie Arrimage du Haut-du-Lièvre à Nancy, dans le cadre d’ateliers avec des scolaires de ce quartier cosmopolite et populaire, une « Ambassade universelle ». Chaque participant à ce projet est convié à mettre à profit cette représentation diplomatique d’un autre genre « pour y accueillir des personnes, d’où qu’elles viennent », l’objectif étant d’ouvrir le quartier sur l’extérieur, de mettre en relation des personnes d’horizons divers et de transcender les clichés, les représentations. Dans cette « zone libre dédiée aux échanges » comme à la B-Rich banque, l’idée est de faire fructifier et redistribuer un capital à la valeur inestimable, le capital humain.

B-Rich banque, Luxembourg, 2003
Succursale B-Rich banque, Berlin, 2003